Aujourd’hui, de nombreux cours d’eau doivent faire face à des pressions diverses qui en détériorent l’état. On peut parler des pollutions (liées aux rejets de polluants et d’eaux usées non traitées ou aux pratiques de l’agriculture intensive), des constructions et aménagements humains qui ont modifié leur morphologie, ou encore des prélèvements d’eau trop importants.

Un cours d’eau en bon état rend de précieux services gratuitement comme une auto-épuration de l’eau ainsi qu’un approvisionnement en eau de qualité, la régulation des inondations, un cadre de vie et d’évolution agréables pour la biodiversité mais aussi pour l’humain et les loisirs.

Le bon fonctionnement d’une rivière et la qualité des services écologiques qu’elle rend dépendent en partie de sa morphologie, de ses berges et de la végétation présente. Le SIAGA agit, depuis plus de 30 ans, pour les restaurer.

Rendre un fonctionnement naturel aux rivières

Les caractéristiques morphologiques d’un cours d’eau sont garantes de sa bonne santé, et donc des services qu’il rend. Leur rendre une forme plus naturelle est un enjeu majeur pour l’être humain puisque cela permet notamment de réguler les crues, sécuriser la population et améliorer la qualité de l’eau.

Avec l’évolution des activités humaines (l’agriculture en particulier), les cours d’eau ont été modifiés sur leur forme et donc sur leurs fonctionnements globaux. Les changements physiques comme le recalibrage, le curage, le déplacement complet du lit ou l’extraction de matériaux ont eu pour conséquence d’entraîner une homogénéisation morphologique des lits mineurs et majeurs, une réduction de la diversité des écoulements et des habitats disponibles conduisant à la diminution de la biodiversité de nos rivières.

Aussi, l’artificialisation et la canalisation des cours d’eau ont entraîné la dégradation de la qualité de l’eau, la diminution très importante des zones humides et l’aggravation des inondations en aval.

Les zones humides sont en régression constante dans le monde depuis la seconde moitié du 20ème siècle mettant ainsi en danger l’équilibre hydrologique et biologique de la terre.

La renaturation des cours d’eau a pour objectif de leur restituer les fonctions écologiques (dépollution/autoépuration des eaux, soutien en période de sécheresse, …) tout en tenant compte de la sécurité des personnes et des biens.

Sur le bassin versant Guiers-Aiguebelette-Bièvre-Truison, de nombreuses actions de renaturation ont été menées depuis la création du syndicat. D’autres projets sont en cours d’étude et seront réalisés dans les années à venir.

La renaturation des cours d’eau permet, par exemple, de :

Les travaux de restauration de l’espace de bon fonctionnement du Guiers mort

En 2010, le territoire a fait l’objet de l’une des premières analyses de l’espace de bon fonctionnement (EBF) dans le bassin Rhône Méditerranée Corse dans le cadre d’une étude hydromorphologique. Cette démarche novatrice a permis de déterminer le devenir d’anciennes digues, souvent en mauvais état.

Des premiers travaux ont été engagés sur le Guiers mort en 2016 dans la traversée de Saint-Laurent-du-Pont : arasement d’ouvrages transversaux et d’une digue, suppression d’enrochements et reprofilage du lit mineur. De nouveaux travaux ont été effectués au printemps et à l’automne 2019 à Entre-deux-Guiers. Les continuités latérales ont été restaurées sur un linéaire de 800m. En juin 2019, une crue décennale a montré une bonne mobilité des sédiments du Guiers, sans causer de débordement. Le paysage forestier s’est reconstitué au fil des années qui ont suivi.

L’arasement de cette ancienne digue a permis de reconnecter la rivière aux milieux humides à proximité et donc au Guiers mort de déborder naturellement dans ces zones humides.

Restaurer la végétation des berges

Principalement constituée de saules, aulnes, peupliers et bouleaux, la végétation des berges, aussi appelée ripisylve, héberge un grand nombre d’animaux (insectes, oiseaux, batraciens, mammifères), dont la survie peut dépendre de ces espaces boisés. Elle a aussi un rôle sur le paysage (maintien des berges, création d’un espace tampon, filtrage et épuration des eaux, etc.).

La préservation et l’entretien de la ripisylve incombent aux propriétaires riverains mais, depuis une vingtaine d’années, l’intérêt général de la gestion des boisements de berge a été reconnu par les collectivités locales qui peuvent se substituer aux riverains. Le SIAGA, pour le compte des EPCI membres, est chargé d’entretenir certaines portions des cours d’eau depuis 2004 afin d’assurer une cohérence écologique de la gestion des berges.

Les interventions sont effectuées par 3 structures tournées autour des valeurs de l’économie sociale et solidaire : le groupe Osez, le groupe Adéquation et ActyChantier.

Au total, chaque année, plus de 150km de cours d'eau sont entretenus dans l'intérêt général par les équipes.

Les droits et devoirs des propriétaires riverains

Une étude a été lancée en septembre 2023 pour permettre la création d’un plan priorisé et chiffré des travaux de restauration et d’entretien sur les cours d’eau alimentant le lac d’Aiguebelette. Depuis 2002, plus aucun plan n’avait été créé sur ce territoire. Cette étude permettra également d’avoir une cartographie de l’état sanitaire des ripisylves et de l’état des cours d’eau.

En France, il faut distinguer les cours d’eau domaniaux qui appartiennent au domaine public fluvial des cours d’eau non domaniaux qui relèvent de la propriété privée sur laquelle ils passent. Le droit de propriété ne s’applique que sur le lit de la rivière et les berges, non sur l’eau.

Les propriétaires riverains, qu’ils soient publics ou privés, sont responsables de la préservation du lit du cours d’eau et des berges. D’après l’article L. 215-2 du Code de l’environnement, cette responsabilité implique des droits d’usage mais également des obligations d’entretien.

Par exemple, les propriétaires riverains disposent d’un droit d’usage de l’eau à condition de laisser un certain débit à la rivière, du droit de clore la parcelle si le document d’urbanisme local le permet et que cela ne gêne ni l'écoulement ni la rétention des débris flottants. En contrepartie, ils doivent entretenir régulièrement le cours d’eau.

Limiter la prolifération des plantes invasives

Les plantes invasives, aussi appelées espèces exotiques envahissantes (EEE), ont un impact négatif sur les milieux aquatiques, notamment en limitant la diversité de la végétation, et donc, sur la santé des cours d’eau et des espèces.
Depuis plusieurs années, le SIAGA développe des actions pour limiter la proliférations d’espèces telles que la renouée du Japon, la balsamine de l’Himalaya, le buddléia (aussi appelé arbre à papillon), le robinier faux acacias, le solidage, la vigne vierge et le raisin d’Amérique.

Dès le printemps, le SIAGA commence les campagnes d'arrachage précoce de la renouée du Japon avec les équipes d’entretien. Ces campagnes permettent de limiter la prolifération de cette espèce exotique envahissante qui étouffe les autres espèces végétales sur le reste du territoire. Les interventions se concentrent essentiellement sur des massifs isolés en tête de réseau hydrographique.

Les chèvres du Rove pour ralentir la renouée du Japon

Le SIAGA, en partenariat avec Emplois Verts Chartreuse, expérimente aussi un éco-pâturage  pour contenir la renouée du Japon. Le travail est confié aux chèvres du Rove, une espèce connue pour sa gourmandise, ses cornes torsadées (qui lui permettent de se frayer un passage dans la végétation dense), son agilité et son côté tout-terrain. Après l’estimation de la quantité alimentaire et du temps de pâturage, l’équipe prépare le parc électrique (avec si nécessaire, débroussaillage et coupe) avant l’installation du filet et l’intégration des chèvres.